Session ordinaire de
1999-2000 - 84ème jour de séance, 198ème séance
2ème SÉANCE DU JEUDI 11 MAI 2000
PRÉSIDENCE de Mme
Nicole CATALA
vice-présidente
LOI
D'ORIENTATION POUR L'OUTRE-MER (suite)
L'ordre du jour
appelle la suite de la discussion, après déclaration d'urgence, du projet de loi
d'orientation pour l'outre-mer.
Mme la Présidente -
Ce matin, l'Assemblée a commencé l'examen des article et s'est arrêtée à
l'article 6. La commission ayant demandé la réserve des articles 7 à 21,
nous abordons maintenant l'article 22.

ART.
22
M. Ernest
Moutoussamy - Les propositions contenues dans cet article et qui concernent la
politique de coopération régionale des DOM, constituent un progrès réel. Les conseils
généraux, en particulier, disposeront désormais d'un pouvoir d'initiative en vue de la
conclusion d'engagements internationaux relatifs à la coopération régionale et, dans le
domaine de compétence de l'Etat, les autorités de la République pourront délivrer à
leurs présidents pouvoir de négocier et de signer des accords internationaux.
Les relations de
proximité peuvent être conflictuelles ou d'intérêt commun ; dans tous les cas,
les propositions du Gouvernement sont bienvenues, car elles contribueront à favoriser
l'insertion de chaque DOM dans sa région.
Cependant, le succès de
la coopération passera par une politique d'intégration plus efficace, et par
l'installation d'un interlocuteur unique. Cela suppose une seule assemblée territoriale,
et un seul exécutif. Il faudra donc, coûte que coûte, parvenir à cette solution.
M. Elie Hoarau -
Nous abordons le très important volet de la coopération régionale de manière
novatrice, puisque le projet propose de renforcer les compétences des collectivités
d'outre-mer en la matière. D'évidence, il n'est pas de développement durable sans
insertion dans une région, et partout -en Afrique, en Amérique et dans l'Océan indien-
regroupements et échanges s'intensifient. Là se joue, pour partie, notre avenir et,
déjà, les demandes de coopération régionale se multiplient, qui ne sont plus seulement
des demandes de coopération régionales décentralisées. Ce volet du texte est
déterminant, car les DOM peuvent devenir des pôles d'excellence non seulement en
recherche, en formation, en enseignement, mais aussi en agriculture ou en logement.
Les amendements que nous
défendons visent à garantir la cohérence du texte en mettant clairement en lumière la
responsabilité de chaque collectivité territoriale -région ou département- et en se
plaçant, pour la Réunion, dans la perspective de la création d'un deuxième
département. C'est notamment le cas de l'amendement 433.
M. Jérôme
Lambert, rapporteur de la commission des lois - La commission l'a rejeté.
M. Jean-Jack
Queyranne, secrétaire d'Etat à l'outre-mer - L'avis du Gouvernement est
également défavorable.
L'amendement 433, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. le
Rapporteur - L'amendement 238 est rédactionnel.
M. Philippe
Chaulet - L'amendement 508 identique est défendu.
Les amendements 238 et 508, acceptés
par le Gouvernement, mis aux voix, sont adoptés.
M. Elie
Hoarau - L'amendement 434 est défendu.
M. le
Rapporteur - La commission a rejeté l'amendement, qu'elle a jugé
anticonstitutionnel puisqu'il aurait pour effet de donner aux DOM la faculté de signer
des accords qui relèvent du domaine de compétence de l'Etat.
M. le Secrétaire
d'Etat - Même avis.
L'amendement 434, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. Ernest
Moutoussamy - L'amendement 551 est défendu.
M. le
Rapporteur - La commission l'a rejeté, car il serait anticonstitutionnel de
prétendre imposer à l'Etat l'obligation d'associer le président d'un conseil général
à la négociation d'un accord.
M. le Secrétaire
d'Etat - Avis défavorable, pour les raisons exposées par votre rapporteur. Les
relations extérieures relèvent de l'Etat, qui ne peut être contraint d'associer un
exécutif local à la négociation d'un accord international.
L'amendement 551, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. le
Rapporteur - L'amendement 239 est rédactionnel.
L'amendement 239, accepté par le
Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. le Secrétaire
d'Etat - Par l'amendement 476 rectifié, le Gouvernement complète l'article
par deux alinéas qui prévoient la participation des exécutifs départementaux aux
négociations avec l'Union européenne pour la définition des mesures d'application de
l'article 299-2 du traité, relatif aux régions ultraphériphériques.
M. le
Rapporteur - La commission a donné un avis favorable à une disposition qu'elle
estime souhaitable.
L'amendement 476 rectifié, mis aux
voix, est adopté.
M. Camille
Darsières - L'amendement 240, adopté par la commission, tend à maintenir la
possibilité pour les conseils généraux de demander au Gouvernement d'adhérer à des
organismes régionaux mais à supprimer pour les départements d'outre-mer la faculté
d'être membres associés de ces organisations ; il serait en effet ridicule que la
Guyane, la Martinique, la Guadeloupe ou la Réunion soient représentées par deux
autorités différentes.
M. le Secrétaire
d'Etat - Favorable.
L'amendement 240, mis aux voix, est
adopté.
L'article 22 modifié, mis aux voix,
est adopté.

ART.
23
M. Camille
Darsières - Les régions d'outre-mer ont tout intérêt à participer aux
associations internationales qui se trouvent dans leur environnement. Nous souhaitons donc
que le conseil régional, avec l'accord des autorités de la République, et dans les
limites de sa compétence, puisse solliciter d'être membre associé de ces organisations.
Cela ne retirera rien de la souveraineté nationale de l'Etat français, car les accords
passés par la République avec les organisations internationales régionales excluent la
possibilité pour les membres associés de passer des accords qui dépassent leurs
compétences constitutionnelles.
M. le
Rapporteur - L'amendement 274 est rédactionnel.
L'amendement 274, accepté par le
Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. Léo Andy -
Mon amendement 553, qui relève du même argumentaire que le 551, tend à ce que le
président du conseil général des DOM puisse être autorisé à participer au sein de la
délégation française à la négociation des accords internationaux.
M. le
Rapporteur - Défavorable car la disposition proposée me semble
inconstitutionnelle.
M. le Secrétaire
d'Etat - Même avis.
L'amendement 553, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. Camille
Darsières - L'amendement 58 est de concordance puisqu'il tend à ouvrir aux conseils
régionaux la possibilité de solliciter directement d'être membres associés des
organisations internationales de leur environnement.
M. le
Rapporteur - M. Darsières va vite en besogne ! Il ne s'agit pas d'un
amendement de coordination avec un amendement déjà adopté mais d'un amendement de
coordination avec un amendement qui avait été présenté en commission et qui a été
retiré depuis. A titre personnel, j'y suis défavorable.
L'amendement 58, repoussé par le
Gouvernement, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. le
Rapporteur - Je retire l'amendement 275 car l'amendement 578 du
Gouvernement sur le même objet est mieux rédigé.
M. le
Secrétaire d'Etat - L'amendement 578 satisfait en effet la demande de la
commission des lois de voir associer les exécutifs régionaux aux négociations avec
l'Union européenne ; cette disposition doit figurer dans la quatrième partie du code général des collectivités
territoriales relative aux régions.
M. Camille
Darsières - Dans son article 299-2, le traité d'Amsterdam reconnaît la
spécificité des régions ultrapériphériques et prévoit des dérogations au droit
communautaire général. Mon amendement 59 vise à ce que les représentants des
régions d'outre-mer participent, au sein de la délégation française, aux négociations
avec l'Union européenne relatives aux mesures spécifiques tendant à l'application du
traité. A défaut, cet article perdrait tout intérêt.
M. le
Rapporteur - Défavorable à l'amendement 59, la commission est favorable au 578.
M. le Secrétaire
d'Etat - La préoccupation de M. Darsières est satisfaite par notre
amendement.
L'amendement 578, mis aux voix, est
adopté.
L'amendement 59 tombe.
M. Camille
Darsières - L'amendement 312 tend à ce que les régions de la Guadeloupe et de la
Martinique soient autorisées à demander à être membres associés des organismes
internationaux qui se trouvent dans leur environnement.
L'amendement 312, repoussé par la
commission et par le Gouvernement, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. Elie Hoarau -
L'amendement 436 tend à éviter qu'il soit préjugé au statut qui sera réservé aux
départements d'outre-mer au sein des organisations régionales. L'article 23 fixe en
effet par avance la nature de leur association sous le régime de « membre
associé ». Notre amendement tend donc à supprimer cette disposition.
M. le
Rapporteur - Avis défavorable. Supprimer le mot « associés »
permettrait aux régions d'outre-mer d'être membres à part entière des organismes
régionaux, ce qui interdirait à la France d'y siéger en tant que telle.
M. le Secrétaire
d'Etat - Cet amendement est contraire au principe de souveraineté. La
Nouvelle-Calédonie elle-même, qui bénéficie d'une large autonomie en matière de
relations extérieures, n'est que membre associé du Forum du Pacifique. On ne peut être
membre à part entière d'une organisation internationale que si on a un statut d'Etat
indépendant.
M. Camille
Darsières - Il y a contradiction entre la position que le Gouvernement défend ici et
le texte qu'il nous soumet, qui prévoit la possibilité d'être membre associé. Si l'on
s'en tient à une vision jacobine, ce chapitre du projet n'apporte plus rien !
M. Claude Hoarau
- Le problème vient de ce que pour prendre place dans une organisation régionale,
une région d'outre-mer doit obtenir non seulement l'autorisation du Gouvernement mais
aussi celle de l'institution d'accueil elle-même. Celle-ci peut refuser l'existence de
« membres associés », mot qui recouvre les différentes catégories.
M. le
Rapporteur - Ce n'est pas possible au regard de la Constitution, nous l'avons
déjà dit. En revanche, il n'y a aucune contradiction, Monsieur Darsières, entre ce
que nous disons et ce qui est écrit ; vous avez mal entendu : oui, les régions
d'outre-mer pourront être membres associés.
L'amendement 436, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. le Secrétaire
d'Etat - Comme je l'avais annoncé dans mon intervention générale, le
Gouvernement propose la création d'un fonds de coopération régionale par région
d'outre-mer : c'est l'objet de son amendement 478 qui tend donc à distinguer la
Guadeloupe et la Martinique.
L'amendement 478, accepté par la
commission, mis aux voix, est adopté.
M. le Secrétaire
d'Etat - L'amendement 477 est de coordination.
M. Camille
Darsières - Mon amendement 62 a le même objet.
Les amendements 477 et 62, mis aux
voix, sont adoptés.
M. Elie Hoarau -
L'amendement 277, que j'ai cosigné, a été adopté par la commission. Il précise que le
conseil régional peut recourir aux SEM pour les actions menées à l'étranger dans le
cadre de la coopération régionale. Ce sont en effet des outils très performants,
notamment en matière de logement, d'aménagement et de transports, et nos voisins sont
particulièrement demandeurs dans ces domaines d'activité.
L'amendement 437 est
très voisin.
M. Léon Bertrand
- Mon amendement 381 a le même objectif.
M. le
Rapporteur - La commission a adopté l'amendement 277 ; en conséquence,
avis défavorable aux deux autres, qui se trouveront satisfaits.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le Gouvernement ne conteste pas l'intérêt de cette disposition mais il
aurait préféré qu'elle figure dans le projet de loi sur les interventions économiques
des collectivités locales ou des sociétés d'économie mixte. Il s'en remet à la
sagesse de l'Assemblée.
L'amendement 277, mis aux voix, est
adopté.
Mme la Présidente -
Les deux autres amendements tombent.
L'article 23 modifié, mis aux voix,
est adopté.
Mme la Présidente -
Les articles et les amendements portant article additionnel qui nous séparent du
titre VII ont été réservés à la demande de la commission des lois.

AVANT
L'ART. 39
M. Camille
Darsières - L'amendement 286, que la commission a adopté, tend à compléter
l'intitulé du titre VII pour préciser que celui-ci concerne la démocratie locale,
et non pas seulement l'évolution des départements d'outre mer.
L'amendement 286, accepté par le
Gouvernement mis aux voix, est adopté.

ART.
39
M. Ernest
Moutoussamy - Cet article capital concerne l'évolution des institutions des DOM. Il
prévoit la création d'un congrès. Nous sommes pour, étant entendu que ce congrès
n'est pas une institution, mais simplement un lieu de débat et de proposition, permettant
de mettre au point un projet unique d'évolution de nos départements à partir de
propositions aujourd'hui multiples.
Cependant le congrès ne
peut pas être une coquille vie ; nous demandons donc que les propositions qui en
seront issues soient aussi transmises au Gouvernement.
Par ailleurs, il est
évident que nous avons besoin de l'avis de nos populations. Nous soutenons donc l'idée
de leur consultation.
M. Camille
Darsières - La solidarité avec un Gouvernement ne saurait signifier allégeance à
tout prix et, l'ami véritable n'hésitant pas à relever de ce qu'il pense être une
erreur, je veux dire pourquoi la rédaction actuelle de l'article 39 me semble devoir
être abandonnée.
Bien entendu, je suis de
ceux qui applaudissent à la rencontre des deux collectivités qui coexistent outre-mer,
non pas pour parler de tout et de rien, mais pour débattre du problème institutionnel et
pour tracer ensemble une perspective, sous la forme d'un avis soumis ensuite à
consultation populaire.
Le projet envisage de
réunir les deux assemblées locales en congrès. J'ai d'abord adhéré à cette idée,
mais, ensuite, le Conseil d'Etat a donné un avis, demeuré, hélas, caché aux députés
comme aux sénateurs. Je ne puis donc le commenter qu'à partir de ce qu'en a dit Le
Monde du 6 avril : « La relégation en fin de texte des mesures d'ordre
institutionnel répond au souci de M. Queyranne de ne pas « focaliser le
débat » sur la question statutaire. Elle correspond aussi au fait que la principale
disposition de ce volet, de loin le plus sensible, a reçu, jeudi 30 mars, un avis
négatif du Conseil d'Etat ».
Voilà ce qui justifie ma
réserve.
En effet, j'appartiens à
cette génération qui vécut, en novembre 1982, la grande déception du passage de
l'Assemblée unique à la trappe. Alors aussi, après avoir consulté le Conseil d'Etat,
le Gouvernement avait cru à la parfaite constitutionnalité de l'Assemblée unique ;
le Conseil constitutionnel en décida autrement.
Il ne faut pas commettre
les mêmes erreurs qui démobilisent les citoyens et reportent toute avancée aux
calendes. Depuis 18 ans, l'Assemblée unique demeure un fantasme. Qu'il n'en aille pas de
même de la rencontre nécessaire et urgente, des deux collectivités territoriales de
l'outre-mer.
J'ai donc fait une
contre-proposition, dont je crains qu'elle n'ait été ni comprise, ni même lue...
Il me semble en effet
que, dès lors qu'une structure spécifique risque d'être qualifiée de troisième
assemblée, et donc jugée inconstitutionnelle, il convient que la rencontre ait lieu dans
le cadre de l'organisation d'un travail en commun.
Je souhaite profondément
que le texte qui sortira de nos débats soit viable et qu'il garantisse que conseil
général et conseil régional seront en mesure de se rencontrer, que toutes les idées
pourront être confrontées.
J'y _uvrerai afin que
l'élu d'outre-mer se voie reconnaître le droit de gérer l'intégralité des affaires
spécifiques à son territoire. C'est de l'autonomie qu'il s'agit, dans le cadre de la
République française, Etat des droit.
Pour toutes ces raisons,
l'article 39 doit être entièrement repensé.
M. Anicet Turinay
- Quoi de plus normal que les deux assemblées se réunissent à n'importe quel
moment, de façon informelle, pour se pencher sur les problèmes communs au département
et à la région ?
Dès lors que le
développement économique était essentiel, le volet institutionnel a été relégué
logiquement à la fin du texte. Mais le projet de créer le congrès a cristallisé toutes
les oppositions contre lui, et pas moins de six assemblées sur huit ont émis un avis
négatif.
D'abord, parce qu'il
risque de perturber la confiance des investisseurs, donc d'entraver le développement, qui
est la priorité. Ensuite parce qu'en donnant l'illusion que les collectivités locales
ont le pouvoir de modifier les institutions, le texte entraînera une rupture de la
confiance envers les élus, sans cesse obligés de se justifier et de pratiquer la fuite
en avant idéologique. Enfin parce que ce projet n'est pas conforme à la Constitution,
comme l'a relevé le Conseil d'Etat, en ce qu'il crée une institution exerçant une forme
de tutelle sur les assemblées locales, parce qu'il lui donne un pouvoir d'injonction sur
le Gouvernement, sommé de répondre aux avis, parce que la consultation locale visera à
remettre en cause le caractère unitaire de l'Etat.
C'est pour toutes ces
raisons que je propose, par l'amendement 350, de supprimer cet article.
M. le
Rapporteur - M. Turinay souhaite que rien ne se passe. Telle ne semble pas
être la position de nombreux élus, dont le Président de la République.
Contrairement à ce qu'a
dit hier M. Plagnol, la commission a rejeté cet amendement.
M. le
Secrétaire d'Etat - Le Gouvernement est défavorable à cet amendement. On ne
peut reprocher à la gauche de ne pas avoir voulu l'Assemblée unique. Elle en a voté la création en 1982 et c'est parce que la
droite a déposé un recours que le Conseil constitutionnel a censuré ces dispositions.
Ce que nous voulons,
c'est rassembler deux légitimités démocratiques pour que l'évolution institutionnelle
fasse d'abord l'objet d'un débat au niveau local.
Il est logique que
M. Turinay, attaché au statut départemental, s'oppose à un article qui en permet
l'évolution. Pour sa part, le Gouvernement souhaite que l'outre-mer puisse évoluer, à
partir des souhaits de la population.
M. Anicet Turinay
- Je ne suis pas un partisan de l'immobilisme. Mais, contrairement à ce que vous
dites, confier de tels pouvoirs à ce congrès priverait la population de son mode
d'expression institutionnel.
M. Emile Blessig
- Tout le monde s'accorde sur la nécessité d'une évolution institutionnelle. Mais
pourquoi commencer par susciter la polémique, en créant une structure de plus, alors que
le débat devrait être facile à organiser dans ces régions monodépartementales ?
Pour ma part, j'y vois une façon de botter en touche afin que l'on ne reparle pas avant
longtemps d'une évolution du statut des DOM.
M. Philippe
Chaulet - Nous ne sommes pas hostiles à une évolution statutaire, mais nous n'avons
pas besoin qu'on nous tienne la main pour nous réunir. Comment croyez-vous que l'on
prépare le contrat de plan Etat-région ? En Guadeloupe, conseil général et
conseil régional ont déjà rendu un avis commun sur les problèmes de transports de
personnes. Vraiment, nous n'avons pas besoin d'une institution de plus !
L'amendement 350, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. Camille
Darsières - L'intervention de M. Turinay me conforte dans l'idée qu'il faut
faire se rencontrer les deux assemblées. Chaque élection outre-mer engendre une
rumeur : on veut le statu quo, l'indépendantisme fait son chemin, l'autonomie
est renforcée...
Il faut absolument
trouver un lieu où discuter.
Par ailleurs, comment
dire que nous ne serions pas habilités à donner un avis sur l'avenir constitutionnel de
nos territoires alors que nous venons régulièrement à Versailles pour changer la
Constitution de la France ?
C'est pourquoi je propose
par l'amendement 313 une nouvelle rédaction de l'article 39 et, sans vanité
d'auteur, je regrette qu'on n'en ait pas discuté sérieusement jusqu'à présent.
Créer une assemblée est
difficile. Par qui sera-t-elle convoquée, personne ne voulant céder la
préséance ? Qui sont ces membres qui ont les mêmes prérogatives que les
conseillers généraux et les conseillers régionaux, et donc n'en sont pas ? Je
propose plutôt ceci :
Dans les régions
d'outre-mer qui comprennent un seul département, le conseil général et le conseil
régional peuvent se rencontrer à fin de donner un avis commun sur toute proposition de
mesures d'adaptation touchant à une évolution institutionnelle. La rencontre des
conseils relève de l'initiative conjointe des exécutifs du département et de la
région, ou de la demande conjuguée du tiers des membres de chacune des deux assemblées.
La rencontre se tient
publiquement. On nomme une commission qui siège à huis clos, adopte un rapport suite
auquel une nouvelle rencontre interconseils est convoquée et ce n'est que lorsque l'avis
a été adopté par les 3/5 des membres des deux assemblées formant la rencontre
interconseils que peut être organisée à l'initiative du Gouvernement une consultation
tendant à ce que les administrés de la région monodépartementale soient consultés
pour avis.
Je constate avec un peu
d'amertume qu'on va peut-être se prononcer hâtivement, superficiellement et nous
entraîner vers le néant car nous n'aurons pas d'assemblée. Je demande donc qu'on
étudie sérieusement ce projet.
M. le
Rapporteur - La commission des lois, nullement à la hâte mais après avoir
beaucoup discuté, a repoussé l'amendement 313. Sur le fond, nous partageons la même
volonté, mais nous ne choisissons pas les mêmes moyens. Certes, vous facilitez la
réunion de ce « conseil » puisqu'une minorité dans chaque assemblée peut en
demander la convocation. Mais vous compliquez beaucoup la procédure d'avis. Pourquoi
instituer cette majorité des trois cinquièmes alors que la majorité simple s'applique
en cas de référendum par exemple ? La commission des lois, après avoir longuement
débattu, a préféré la proposition du Gouvernement.
De façon
accessoire, nous jugions peu opportun de renoncer au nom de congrès, désormais répandu
dans les DOM.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le Gouvernement est également défavorable à cet amendement. Sur le
fond, M. Darsières veut une évolution institutionnelle, comme nous. Mais ce qu'il
propose affaiblirait le consensus souhaitable, et une majorité des trois cinquièmes est
plus difficile à réunir.
M. Louis Mermaz -
M. Darsières a fait hier un remarquable discours sur les DOM. Mais substituer
une « rencontre interconseils » au congrès, comme il le propose dans cet
amendement, n'est pas très compréhensible. Dans une première mouture la volonté des
assemblées suffisait pour qu'une consultation soit organisée. C'est pourquoi était
imposée cette majorité des trois cinquièmes.
L'obligation ayant
disparu, cette exigence ne se justifie plus !
En réalité, si une
forte volonté de changement s'exprimait dans une région, comment un gouvernement -un
gouvernement de progrès- s'y opposerait-il ? Sur le fond, M. Darsières a
satisfaction. Sur la forme, je préfère le texte du Gouvernement.
M. Camille
Darsières - Enfin, on discute de ma proposition. C'est au moins cela.
Sans vouloir renvoyer
l'éloge à M. Mermaz, il a fait hier un excellent discours. Mais comment peut-il
dire que l'expression d'une volonté forte suffirait ? D'abord comment le peuple se
prononcerait-il et à partir de quand cette expression est-elle forte ? Je fixe donc
une majorité des trois cinquièmes.
Si l'on veut amender mon
texte pour changer le nom de « rencontre interconseils » -je m'inspirais de la
conférence interdépartementale dont parle la loi de 1871- j'y suis prêt ; si l'on
veut revenir à la majorité absolue, je suis d'accord. Mais je maintiens ma proposition.
Mme Christiane
Taubira-Delannon - Je suis prête à sous-amender le texte sur ces deux points.
Mme la Présidente -
Je n'aurais pu accepter que des sous-amendements écrits. Nous ne pouvons refaire le
travail qui a été fait en commission.
M. Camille
Darsières - Si vous permettez, un mot encore sur ce sujet pour lequel je me bats
depuis 40 ans. Une brève suspension permettrait de rédiger ces sous-amendements. En
tout cas, je ne peux laisser dire que l'on a discuté en commission. Je n'ai pas eu le
temps de m'expliquer comme je viens de le faire.
Mme la
Présidente - Vous n'avez pas délégation de votre groupe pour demander une
suspension, et nous devons poursuivre l'examen de ce texte.
L'amendement 313, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. le
Rapporteur - L'amendement 288 est rédactionnel.
L'amendement 288, accepté par le
Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. Ernest
Moutoussamy - Le congrès réunit conseil général et conseil régional. Or certaines
personnes sont membres de ces deux assemblées. Mon amendement 291, qu'a adopté la
commission, précise donc que tout membre du congrès, fut-il à la fois conseiller
général et régional, dispose d'une seule voix délibérative.
L'amendement 291, accepté par le
Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. le
Rapporteur - L'amendement 289 tend à préciser qu'il appartient au président de
celle des deux assemblées qui a proposé la réunion du congrès d'en définir l'ordre du
jour.
L'amendement 289, accepté par le
Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. le
Rapporteur - L'amendement 290 tend à préciser que c'est le président de
l'assemblée qui a demandé la réunion du congrès qui adresse les convocations à ses
membres.
M. le Secrétaire
d'Etat - Défavorable. Nous avons prévu que le congrès soit présidé en
alternance par les présidents des deux assemblées. L'amendement irait contre ce principe
d'alternance.
M. le
Rapporteur - Je le retire.
M. Camille
Darsières - M. le rapporteur a défendu des amendements que je n'ai jamais vus,
dont je n'ai jamais entendu parler, et sur lesquels il serait bien incapable de donner la
position de la commission... En revanche il y a quelqu'un qui a préparé son affaire, qui
demande à la discuter : on l'écarte. Je me permets de le dire, ce n'est pas du
travail sérieux. Je le dis parce qu'il s'agit de l'avenir de mon pays
-« pays » au sens de M. Pasqua.
L'amendement 305 est
défendu.
M. le
Rapporteur - Je renvoie M. Darsières à la lecture du rapport, qui retrace
les travaux de la commission. Il pourra y constater que nous avons largement débattu des
nombreux amendements déposés sur ce point.
Quant à
l'amendement 305, la commission l'a repoussé. Mais, compte tenu des discussions
intervenues depuis lors, je ne serais plus hostile pour ma part à la suppression du
dernier alinéa. Je pense que, lorsqu'il se réunira, le congrès sera conduit à établir
un règlement intérieur ; si M. Darsières ne souhaite pas inscrire ce point
dans la loi, cela se fera sans doute de soi-même.
M. le Secrétaire
d'Etat - Je comprends la préoccupation de M. Darsières, qui ne souhaite
pas donner du congrès l'image d'une troisième assemblée. Le règlement intérieur est
destiné à favoriser l'organisation des débats. En l'inscrivant dans la loi, nous en
faisons un document obligatoire.
Si nous supprimons cet
alinéa, il appartiendra à chaque congrès d'établir éventuellement son règlement. Le
Gouvernement s'en remet à la sagesse de l'Assemblée.
L'amendement 305, mis aux voix, est
adopté.
M. Camille
Darsières - L'amendement 306 tend à supprimer les deux derniers alinéas de
l'article L. 5912-3. Il s'agit de banaliser cette institution que nous créons,
en supprimant des dispositions qui risquent de la faire ressembler à une troisième
assemblée.
M. le
Rapporteur - Avis défavorable. M. Darsières ne propose pas de supprimer
l'alinéa selon lequel le président a la police du congrès : pourquoi dès lors
vider cette notion de son contenu ?
M. le Secrétaire
d'Etat - Même avis. Le président d'une assemblée doit pouvoir assurer l'ordre
et, dans les cas extrêmes, faire appel à la force publique. Dès lors qu'il n'y a plus
d'obligation d'établir un règlement intérieur, il est indispensable de maintenir ces
dispositions dans la loi.
M. Camille
Darsières - Permettez-moi quand même de rappeler de quoi il s'agit. Les alinéas
dont je demande la suppression sont les suivants : le président « peut faire
expulser de l'auditoire ou arrêter tout individu qui trouble l'ordre. En cas de crime ou
de délit, il en dresse procès-verbal et le procureur de la République en est
immédiatement saisi. » J'imagine mal que, le président du conseil général ou du
conseil régional ayant sollicité la police ou le procureur de la République, ces
derniers n'interviennent pas !
L'amendement 306, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. le
Rapporteur - L'amendement 293 est retiré.
M. Camille
Darsières - L'amendement 307 est défendu.
M. le
Rapporteur - La commission l'a repoussé. La loi en vigueur prévoit pour les
membres des conseils généraux et régionaux des crédits d'heures pour leur permettre de
participer aux réunions de ces assemblées ou de leurs commissions. L'article que
M. Darsières veut supprimer étend cette possibilité à la participation au
congrès. Je ne comprends pas pourquoi la supprimer.
M. le Secrétaire
d'Etat - Défavorable, pour des raisons déjà indiquées.
L'amendement 307, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. le
Rapporteur - L'amendement 294 précise les attributions du congrès, en vue
de définir clairement les domaines dans lesquels il délibère.
M. le
Secrétaire d'Etat - Favorable. Il est clair, pour le Gouvernement, que le
Congrès est appelé à se prononcer et à voter.
L'amendement 294, mis aux voix, est
adopté.
M. le
Rapporteur - La commission a adopté l'amendement 295 rectifié de
M. Moutoussamy.
L'amendement 295 rectifié, accepté
par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
Mme Christiane
Taubira-Delannon - Pour des raisons dont je ne conteste pas le bien-fondé, nous
examinons l'article 39 avant l'article 24 ; or mon amendement 326 est
la suite d'un amendement à l'article 24. Force m'est donc d'exposer l'ensemble du
problème. Il s'agit de permettre au conseil économique et social du département et au
conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement de s'affranchir, sur le plan
budgétaire et logistique, du conseil général et du conseil régional auxquels ils
doivent donner un avis. Je propose donc de leur accorder une ligne budgétaire propre,
leur permettant un fonctionnement indépendant. Dans les lois de décentralisation, on
s'était soucié de mettre en place des contre-pouvoirs, pour qu'à côté du conseil
régional et des autres collectivités décentralisées investies par le suffrage
universel, d'autres structures viennent exprimer, avec voix consultative, la diversité de
la société. Mais ces institutions n'ont pas vraiment trouvé leur régime de croisière.
Mes amendements aux articles 24 et 39 entendent contribuer à leur rendre un
fonctionnement normal et à faire que le congrès prenne en considération leur avis.
M. le
Rapporteur - La commission a repoussé l'amendement.
Mme Taubira-Delannon
souligne avec raison l'importance du conseil économique et social du département et
celle du conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement, mais la rédaction
qui nous est proposée aurait pour conséquence d'alourdir singulièrement la procédure.
Le congrès devrait en effet se réunir pour fixer son ordre du jour, puis interrompre ses
travaux -combien de temps ?- pour permettre à ces deux instances de rendre leur
avis. De surcroît, je ne suis pas persuadé qu'il y ait un avantage particulier à
procéder de la sorte.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement, non pas qu'il se
refuse à réévaluer le rôle des deux instances citées, mais parce qu'il s'agit ici de
propositions d'évolution institutionnelle et que rien ne doit être fait qui pourrait
affaiblir le rôle des élus en les obligeant à consulter des assemblées dont la
légitimité démocratique n'est pas celle du suffrage universel.
M. Daniel Marsin,
rapporteur pour avis de la commission de la production - Je prends la parole à
titre personnel pour m'efforcer d'éclairer le débat. Il me semble en effet y avoir
confusion : l'auteur de l'amendement ne demande pas que le congrès consulte ces deux
assemblées, mais que la consultation ait eu lieu, selon la procédure actuelle, avant
qu'il ne délibère.
Mme Christiane
Taubira-Delannon - Je retiens des arguments échangés que le fond de ma proposition
est justifié mais que la forme ne convient pas. Dans ce cas, portez-moi secours,
améliorez la forme !
M. le
Rapporteur - Les explications et les précision apportées m'amènent à nuancer
mon appréciation. Cependant, le terme « obligatoirement » continue de me
gêner : qu'adviendra-t-il si un conseil ne se réunit pas, ou s'il ne rend pas
d'avis ?
Je comprends l'esprit qui
vous anime, et je souhaite comme vous que ces deux instances soient saisies pour avis,
mais peut-être faudrait-il prévoir d'autres modalités.
M. Louis Mermaz -
L'urgence est avérée, mais nous en sommes les victimes. Pour ma part, je trouve cet
amendement excellent et je ne vois pas pourquoi nous ne l'adopterions pas. Certes, les
conseils généraux et conseils régionaux peuvent consulter les instances citées ;
cependant, il faut accepter, Monsieur le rapporteur, que l'Assemblée modifie légèrement
le texte du Gouvernement...
Mme Christiane
Taubira-Delannon - Je vous remercie de votre soutien, Monsieur Mermaz. L'urgence est
réelle, c'est vrai, mais la démocratie doit s'exercer
correctement. S'il faut consulter, consultons !
M. le
Rapporteur - Je me rallie à la proposition de Mme Taubira-Delannon, mais je
préciserai, au cours d'une prochaine lecture, les modalités de la consultation.
M. le Secrétaire
d'Etat - Du débat a donc jailli la lumière. Ma réponse, tout à l'heure,
faisait référence aux termes de l'exposé sommaire, qui explique qu'il s'agit de
s'assurer que les délibérations du congrès prennent en compte les avis du conseil
économique et social régional et du conseil de la culture, de l'éducation et de
l'environnement pour les propositions modifiant la répartition des compétences.
Les choses étant
précisées, le Gouvernement donne un avis favorable à l'amendement.
L'amendement 326, mis aux voix, est
adopté.
M. le Secrétaire
d'Etat - Par l'amendement 482, le Gouvernement suggère que les propositions
mentionnées à l'article L. 5915-1 soient également transmises au Premier ministre.
Voilà qui devrait répondre aux préoccupations exprimées par MM. Moutoussamy et
Darsières.
M. le
Rapporteur - Je suis favorable, à titre personnel, à cet amendement que la
commission n'a pas examiné.
L'amendement 482, mis aux voix, est
adopté.
M. Camille
Darsières - L'amendement 309 est retiré puisque beaucoup, ici, semblent redouter une
majorité forte, et préférer une majorité d'une voix. Ce retrait favorisera peut-être
la cacophonie !
M. le
Rapporteur - L'amendement 296 est de précision.
L'amendement 296, accepté par le
Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. le
Rapporteur - L'amendement 297 est de précision.
M. le Secrétaire
d'Etat - La précision s'assortissant d'une injonction fort peu constitutionnelle
au Gouvernement, je vous saurais gré de bien vouloir retirer l'amendement.
M. le
Rapporteur - Il est retiré.
M. Jean-Claude
Lefort - L'amendement 351 est retiré.
Mme la Présidente -
L'amendement 310 tombe.
M. Jean-Claude
Lefort - L'amendement 536 tend à donner au congrès un rôle réel. A quoi servirait
en effet de le créer pour n'en faire qu'une coquille vide ? Préciser que les
propositions du congrès comptent parmi les éléments de réflexion qui conduisent le
Gouvernement à agir et à consulter la population sur l'évolution institutionnelle des
DOM ne remet nullement en cause un texte qui s'efforce, on le sait, de ne pas encourir la
censure du Conseil constitutionnel.
Le rejet de l'amendement
remettrait en question l'utilité de la nouvelle instance.
M. le
Rapporteur - La commission n'a pas examiné l'amendement, dont je considère, à
titre personnel, qu'il est satisfait par l'amendement 482 du Gouvernement que l'Assemblée
vient d'adopter et qui dispose que les propositions du congrès seront transmises au
Premier ministre.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le Gouvernement prend en compte les délibérations du congrès, qui lui
sont transmises, et il est favorable à l'amendement 536.
L'amendement 536, mis aux voix, est
adopté.
L'article 39 modifié, mis aux voix,
est adopté.
Mme la Présidente -
La commission des lois m'a fait savoir qu'elle levait la réserve de l'article 33 et des
amendements portant articles additionnels après l'article 33. En conséquence, nous
abordons l'examen de cet article et de ces amendements.

ART.
33 (précédemment réservé)
M. André Thien
Ah Koon - L'amendement 335 tend à porter de 40 à 300 millions la majoration de la
dotation globale de fonctionnement des communes des départements d'outre-mer.
M. le
Rapporteur - L'amendement 281 qu'a adopté la commission vise à porter la
majoration de la DGF de ces communes de 40 à 250 millions mais j'y suis à titre
personnel très défavorable car cela reviendrait à puiser dans une caisse qui sert à
alimenter la DSU et la DSR au profit de toutes les communes de France. Le Gouvernement a
accepté de dégager 40 millions, mais c'est
autant de moins pour nos communes. Passer de 40 à 300 millions sans aucune
concertation n'est pas envisageable !
M. Léo Andy -
L'amendement 519 tend à porter la dotation de 40 à 250 millions pour tenir compte
des difficultés que connaissent nos communes. 40 millions pour quatre départements,
cela ne fait pas beaucoup pour chaque commune alors que les besoins en équipements
restent immenses.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le Gouvernement est défavorable à ces trois amendements. La DGF
procède en effet d'une enveloppe globale avec des clés de répartition précises qui
tiennent compte des critères que fixe votre Assemblée. Lorsque nous avons proposé une
majoration de 40 millions de la DGF des communes des DOM, le comité des finances locales
ne nous a suivis qu'avec réticence et seulement parce qu'il considérait que la situation
exigeait un effort de solidarité.
Aller plus loin, ce
serait amputer les dotations de solidarité des autres communes, qui rencontrent parfois
des difficultés comparables.
La loi Perben limitait la
majoration à 30 millions ; le présent projet la porte à 40 millions et
il semble bien difficile d'aller au-delà.
M. André Thien
Ah Koon - La répartition de ces moyens doit être plus équitable et tenir compte
notamment de l'accroissement sensible de la population de ces départements. Il faut
répartir les dotations en privilégiant les communes où la pression démographique est
la plus forte.
M. le Secrétaire
d'Etat - La DGF des communes d'outre-mer prend en compte une population majorée
de 10 % par rapport aux chiffres du recensement. Il est difficile d'aller au-delà de
cet effort de solidarité sans s'attirer le mécontentement des autres communes.
L'amendement 335, mis aux voix, n'est
pas adopté.
Les amendements 281 et 519, mis aux
voix, ne sont pas adoptés.
M. Jean-Claude
Lefort - Cette loi d'orientation ne pourra remplir ses objectifs à moyens constants
et il n'est jamais de bonne politique de déshabiller Pierre pour habiller Paul.
L'amendement 352 tend à ce qu'il soit procédé à la majoration de la dotation
forfaitaire des communes d'outre-mer en dégageant de nouveaux moyens -tirés notamment
des surplus de recettes qu'engendre la croissance- plutôt que de les prélever sur la
dotation d'aménagement.
M. le
Rapporteur - La commission n'a pas examiné cet amendement. A titre personnel, je
ne considère pas qu'il règle la question et il me semble en outre irrecevable.
M. le Secrétaire
d'Etat - Une telle proposition ne peut trouver sa place que dans l'examen de la
loi de finances. J'invite donc M. Lefort à représenter son amendement dans ce
cadre.
M. Jean-Claude
Lefort - Je prends acte, Monsieur le ministre, de votre réponse et je retire notre
amendement.
Mme Christiane
Taubira-Delannon - L'amendement 242 corrigé vise à revoir les clés de répartition
des dotations aux communes. Certes, les maires des communes les plus défavorisées vont
accepter ce qu'on va leur laisser et nous avons trop longtemps appartenu au camp des
damnés de la terre pour ignorer notre devoir de solidarité à l'égard des plus
démunis. Mais la Guyane se trouvera
durablement pénalisée si l'attribution se fait en fonction du seul critère de la
population car nombre de ses communes rurales sont condamnées à la désertification du
fait de leur enclavement. Les clés de répartition doivent prendre en compte des
critères d'aménagement du territoire, d'autant qu'il nous avait été promis, lors de la
discussion de la loi Voynet, que ces questions seraient traitées dans le cadre du
présent projet. Songez que les habitants de certaines communes guyanaises ne peuvent
rejoindre le chef-lieu de département qu'en avion et que le billet coûte la moitié de
leur RMI !
M. le
Rapporteur - La commission des lois a examiné cet amendement dans le cadre de
l'article 88 et l'a repoussé. Certes Mme Taubira-Delannon pose de vraies
questions, mais je ne suis pas sûr que la rédaction qu'elle propose permette d'y
répondre.
M. le Secrétaire
d'Etat - Je propose à Mme Taubira-Delannon que nous fassions une simulation
pour préciser les critères qu'elle propose. En effet, il convient de ne pas s'en tenir
à un énoncé de principe. Nous n'avons d'ailleurs eu connaissance de cet amendement
qu'hier ; son retrait nous permettrait de réfléchir à des clés de répartition.
M. Louis Mermaz -
Il serait bon que le Gouvernement précise les choses au Sénat ou en deuxième lecture.
Monsieur Lambert, tout cela s'apprécie mieux de la Guyane que de la Charente !
M. Jean Le Garrec
- Le problème étant complexe, sa solution ne peut être simple... Néanmoins, en
adoptant cet amendement, nous poserions un principe ; il ne resterait plus qu'à
mettre en place les outils.
Mme Christiane
Taubira-Delannon - Je maintiens mon amendement. Je conçois sans difficulté qu'il
soit mal rédigé, mais je suis ouverte aux propositions d'amélioration ! Tentant de
me dissuader de déposer un amendement, on m'avait assurée que ce problème serait
examiné de près. Il n'en a rien été. Par ailleurs, si mon amendement n'a été connu
qu'hier, c'est parce que, n'étant pas membre de la commission des lois, je n'ai pu le
présenter qu'au titre de l'article 88.
Je suis étonnée de la
pusillanimité du Gouvernement : d'habitude, la loi pose le principe, et renvoie au
règlement pour en préciser l'application.
M. Léon Bertrand
- Je retire mon amendement 382 corrigé au profit de celui de ma collègue, qui
va plus loin.
M. Daniel Marsin,
rapporteur pour avis - En Guadeloupe, les problèmes ne se posent pas de la
même façon. Je propose donc, comme le faisait Léon Bertrand, de renvoyer la
répartition au décret pour la Guyane, tout en précisant qu'il devra tenir compte des
éléments énoncés par Mme Taubira-Delannon.
M. le Secrétaire
d'Etat - La fixation des critères relève de l'article 34 de la
Constitution. Les critères proposés par Mme Taubira-Delannon doivent être
précisés, mais c'est à la loi, et non au décret, d'apporter ces précisions.
M. le
Rapporteur - Je vais voter cet amendement mais je propose, pour éviter une
répétition, de substituer au mot « proportionnellement » le mot
« et ».
Mme Christiane
Taubira-Delannon - Qu'à cela ne tienne !
L'amendement 242, 2ème
correction, mis aux voix, est adopté.
L'article 33, modifié, mis aux voix,
est adopté.

APRÈS L'ART. 33 (précédemment réservé)
M. Daniel Marsin,
rapporteur pour avis - Mon amendement 51 vise à répondre aux
difficultés des communes, qui ont été évoquées notamment par MM. Thien Ah Koon
et Andy. En Guadeloupe, onze communes sur trente-trois sont dans une situation
extrêmement difficile.
Le Gouvernement nous
propose que 40 millions soient prélevés sur la dotation de l'ensemble des communes
de France ; nos collègues de la métropole n'accepteraient pas qu'on aille plus
loin, je les comprends fort bien. Néanmoins, cette somme, divisée entre toutes les
communes, ne représentera pas beaucoup pour chacune d'entre elles.
Je proposais donc dans
cet amendement un prélèvement sur les jeux ainsi qu'un prélèvement sur les alcools. Je
veux bien accepter de le retirer au profit de celui par lequel je ne propose qu'un
prélèvement sur les jeux.
Je souhaite que ce
deuxième amendement soit sérieusement considéré et qu'en tout état de cause, on
trouve le moyen d'ici à l'adoption définitive de ce projet d'apporter aux communes les
ressources dont elles ont besoin.
M. le
Rapporteur - La commission des lois a examiné plusieurs amendements sur ce sujet
et en a adopté un. La proposition d'un prélèvement sur les jeux a souvent été
formulée ; il est vrai que les enjeux ne sont pas, dans les DOM, taxés au titre du
FNDS -alors qu'ils le sont en métropole.
Je suis conscient des
objections que soulèvera sans doute le Gouvernement, mais, vraiment, le problème du
financement des collectivités locales ne peut être passé sous silence dans une loi
d'orientation.
M. le Secrétaire
d'Etat - A la demande des collectivités locales d'outre-mer, la loi prévoit
déjà une taxe sur le tabac.
En revanche, le
Gouvernement n'est pas favorable à un prélèvement sur les jeux, qui contreviendrait au
principe de non-affectation des taxes.
En outre, les gains
risqueraient d'en être affectés et l'on peut même craindre, avec Internet, une
délocalisation des jeux.
Je suis donc défavorable
à cet amendement comme aux suivants.
M. Daniel Marsin,
rapporteur pour avis - Je retire l'amendement 51.
M. André Thien
Ah Koon - Quand les Domiens demandent un concours financier de l'Etat, on leur demande
d'être sérieux, et quand ils veulent prélever un petit pourcentage sur les jeux dans
les DOM pour les affecter au FNDS, on leur dit qu'il faut privilégier les gains !
Je suis désolé,
Monsieur le ministre, mais nous sommes ici pour défendre les collectivités locales qui
ont bien besoin du FNDS comme de tous les moyens de cimenter une société frappée par un
chômage de 30 ou 40 % de la population active.
N'oublions pas les
résultats auxquels nous sommes déjà parvenus, je pense à la Guadeloupéenne
Marie-José Pérec, au Réunionnais Laurent Robert, qui joue au PSG, au champion du monde
de VTT, originaire de ma commune du Tampon, ...
Mme Christiane
Taubira-Delannon - Au Guyanais Bernard Lama...
M. André Thien
Ah Koon - ...et à bien d'autres.
Je ne vois
pas quel problème poserait une taxation de 10 % sur les jeux de hasard qui
reviendrait aux communes et serait répartie selon les mêmes critères que le FNDS. Nous
ne demandons rien à l'Etat, si ce n'est d'obliger les communes à investir ces sommes
dans des équipements sportifs.
Mon amendement 336 vise
donc à instituer un prélèvement de 10 %.
M. Camille
Darsières - La réflexion est partie du fait que l'on joue beaucoup outre-mer, non
parce qu'on y est dévergondé mais parce que les chômeurs et ceux qui font vivre
plusieurs personnes avec un seul salaire tentent ainsi de se procurer un revenu de
complément. Tout cet argent est envoyé en métropole. En 1997, 247 millions ont
été joués et 238 millions en 1998, avec une moyenne hebdomadaire par joueur de
11,56 F en Martinique et de 11,75 F en métropole.
Il convient donc que nous
obtenions qu'un prélèvement sur les enjeux vienne, dans les quatre DOM, alimenter des
budgets communaux en grande difficulté.
Ce qu'a dit M. le
ministre sur le risque de diminuer les gains n'a guère de sens puisque c'est la somme qui
arrive à la Française des jeux qui ferait l'objet du prélèvement. Quant au risque que
l'on joue par Internet, depuis l'étranger, il existe aussi pour le financement du FNDS.
La seule réponse serait d'interdire de jouer par Internet.
Alors que M. Thien
Ah Koon propose un prélèvement de 10 %, par l'amendement 282, je propose
plutôt 7 %, car il convient d'être prudent, même si ces 7 % ne toucheront que
300 000 personnes, alors que le prélèvement national de 2,9 % porte sur
60 millions de personnes.
Il faut vraiment que nous
puissions venir en aide aux communes qui, dans une période très difficile, sont chez
nous les vrais bassins d'emploi.
M. Daniel Marsin,
rapporteur pour avis - J'ai déjà défendu l'amendement 69.
M. Léo Andy -
L'amendement 518 rectifié est également défendu.
M. le Secrétaire
d'Etat - Une précision sur l'affectation des recettes du FNDS : en 1999,
les quatre DOM ont reçu, au titre soit de la part régionale, soit des crédits
d'équipement, un peu plus de 26 millions, soit 5,15 % de l'ensemble des
crédits distribués sur le territoire national. Avec une distribution proportionnelle au
montant des enjeux, ils n'auraient perçu que 3,31 %. L'outre-mer n'est donc pas
oubliée.
M. Louis Mermaz -
Il fut un temps, ans les années 1981-1982, où l'on rêvait de supprimer les
prélèvements en supprimant les jeux... En attendant, il me semblerait bienvenu que les
prélèvements soient identiques dans les DOM et en métropole et je dépose en ce sens un
sous-amendement 580 à l'amendement 282 de la commission des lois.
M. Emile Blessig
- Mieux vaudrait, comme l'a justement demandé le rapporteur, avoir une vraie
discussion sur l'assainissement des finances locales que de bricoler de la sorte en
cherchant à grappiller quelques sous auprès des plus pauvres, car ce sont eux qui
jouent.
Quand donc aurons-nous
cette discussion ?
M. le
Rapporteur - Je suis favorable au sous-amendement de M. Mermaz, même s'il
conviendra sans doute, au cours d'une lecture ultérieure, de préciser de quel
prélèvement il s'agit.
M. le
Secrétaire d'Etat - Défavorable.
M. Claude Hoarau
- Pour l'instant, il n'y a pas de prélèvement sur les jeux dans les DOM. Les 26
millions que nous recevons proviennent du prélèvement qui existe ailleurs.
M. le Secrétaire
d'Etat - Au titre du FNDS.
M. Claude Hoarau
- En tout cas, si un prélèvement est institué dans les DOM, son produit doit
s'ajouter à ce que nous percevons déjà pour être affecté par exemple aux équipements
des communes.
M. Léo Andy -
Je maintiens mon amendement 518 rectifié
L'amendement 336, mis aux voix, n'est
pas adopté.
Le sous-amendement 580, mis aux voix,
est adopté.
L'amendement 282 ainsi sous-amendé,
mis aux voix, est adopté.
Mme la Présidente -
Les amendements 69 et 518 rectifié tombent.

APRÈS
L'ART. 6 (précédemment réservé)
Mme Christiane
Taubira-Delannon - Je retire mon amendement 322.

ART.
7 (précédemment réservé)
M. Claude Hoarau
- Il s'agit du « plan export ». Pour que nos départements jouent leur
carte dans ce domaine, il faut faciliter l'investissement. Trois mesures peuvent
contribuer à l'installation massive d'industries exportatrices : l'instauration de
la prime que nous allons voter, des facilités à l'investissement et des exonérations
pour diminuer significativement le coût du travail.
La proposition qui nous
est faite reste très limitée et elle ne garantit pas la pérennisation -voire
l'amélioration- du dispositif actuel d'aide à l'investissement.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales
- L'amendement 195, de précision, concerne Saint-Pierre-et-Miquelon.
M. le Secrétaire
d'Etat - J'en demande le retrait. Cette précision figurera à l'article 40.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - Je le retire.
M. Camille
Darsières - Mon amendement 15 précise que la prime d'Etat à la création d'emploi
est accordée par le préfet « après avis du président du conseil
régional » . En effet la décentralisation a confié à ce dernier la charge
du développement économique et du schéma d'aménagement régional.
M. Daniel Marsin,
rapporteur pour avis - L'amendement 44 s'inspire du même esprit.
M. le
Rapporteur - La commission ayant adopté d'abord l'amendement de M. Marsin a
rejeté celui de M. Darsières.
M. Camille
Darsières - Je vais d'étonnement en étonnement. Mon amendement a été déposé le
27 avril, celui de M. Marsin le 28 avril. Mais puisque la commission en dispose
ainsi, votons l'amendement Marsin qui est une reprise de l'amendement Darsières.
Mme la Présidente -
On votera d'abord sur le vôtre.
M. Daniel Marsin,
rapporteur pour avis - A mes yeux tout était simple, nous disons la même
chose. Mais par respect et par affection pour M. Darsières, je retire l'amendement
44.
M. le Secrétaire
d'Etat - Défavorable. Ce sont des aides de l'Etat, attribuées par son
représentant.
L'amendement 15, mis aux voix, est
adopté.
L'article 7 ainsi modifié, mis aux
voix, est adopté.

APRÈS
L'ART. 7 (précédemment réservé)
M. André
Thien Ah Koon - La loi Pons cesse de s'appliquer dans quelques mois. Rien n'est prévu en remplacement. Certains projets demandent plusieurs
années de préparation. Mon amendement 270 prolonge donc l'application de la
loi Pons jusqu'à la fin de 2004.
M. Claude Hoarau
- Nos amendements 402, identique aux précédents, 403 et 404, portent sur des
dispositifs de défiscalisation que nous voulons prolonger. La loi Pons cessera de
s'appliquer dans 18 mois. Un groupe de travail mis en place par le Gouvernement
proposera des solutions. Nous les attendons.
Il y a trois ans, lorsque
nous débattions du maintien de cette disposition, le Premier ministre s'était engagé
auprès du groupe RCV, qui compte quatre députés d'outre-mer, à ce qu'une modification
des dispositifs de défiscalisation ne fasse pas diminuer les flux financiers vers les
DOM. Je ne lui fais pas procès, mais en réalité nous avons perdu des milliards. On
ne peut attendre la fin de la défiscalisation sans nouvelles dispositions. Vous ne
désespérez pas d'inclure dans cette loi celles que proposera le groupe de travail,
élaborées avec les socioprofessionnels. Nous sommes donc disposés à retirer notre
amendement si le Gouvernement nous garantit qu'au cas où le nouveau dispositif ne serait
pas applicable au moment où la loi Pons cessera de l'être, il donnera dans la loi
de finances que nous examinerons à l'automne des perspectives pour deux années
supplémentaires à des investisseurs éventuels.
M. le
Rapporteur - La commission a repoussé l'amendement 270 et n'a pas examiné
les autres.
A mes yeux, il ne
convient pas de proposer, à travers ce projet, une prolongation de dispositions de
défiscalisation qui ne sont plus adaptées aux attentes de l'outre-mer. Mieux vaut
attendre que rapidement, dans les mois qui viennent, le Gouvernement nous propose un
nouveau dispositif qui, je l'espère, ne prêtera pas aux mêmes critiques que l'actuel.
M. le Secrétaire
d'Etat - Il n'est pas opportun de prolonger le délai d'application actuellement
fixé par la loi de finances pour le dispositif de défiscalisation, car ce ne serait pas
une incitation à modifier ce dispositif.
La date butoir de
2002 impose que ce travail soit fait rapidement. La représentation nationale y sera
évidemment associée dès que le groupe de travail aura remis ses premières conclusions.
S'il advenait que ses travaux prennent du retard, ce que je ne souhaite pas, la loi de
finances nous permettra toujours de proroger le dispositif d'un ou deux ans ; mais le faire aujourd'hui serait supprimer toute incitation à
modifier rapidement le dispositif. Je vous invite donc à retirer ces amendements, qui
auraient un effet contraire à celui que vous souhaitez.
M. Philippe
Chaulet - Vous nous dites, Monsieur le ministre, que le groupe de travail a besoin
d'une incitation -comme si les gens que vous y avez nommés allaient se dire : le
dispositif est prolongé, nous n'avons pas besoin de travailler vite... Cela fait dix huit
mois que vous cherchez le moyen de remplacer la loi Pons, que vous avez tuée avec la
tunnelisation. Celle-ci nous a coûté 3,5 milliards par an, le montant même que
vous mettez aujourd'hui dans cette loi d'orientation ! Mais vous savez bien que le
groupe de travail n'aura pas achevé sa tâche pour la fin de l'année. Nous sommes en
mai, et il s'est réuni deux fois... Deux précautions valent mieux qu'une : si nous
votons la prolongation, nous pourrons toujours l'annuler si une nouvelle proposition nous
est soumise. Mais pour aujourd'hui, prenons nos précautions, car aucun investisseur ne
pourra préparer des projets pour l'an prochain s'il ne dispose pas du temps nécessaire.
Les amendements 270 et 402, mis aux
voix, sont adoptés.
M. Claude Hoarau
- Les amendements 403 et 404 sont retirés.
M. Philippe
Chaulet - Les terres incultes représentent quelque dix mille hectares en Guadeloupe.
Si nous voulons installer de jeunes agriculteurs et les aider, l'exonération des droits
de timbre et d'enregistrement serait déjà un premier pas. C'est l'objet de mon
amendement 500.
M. Michel
Tamaya, rapporteur pour avis - Notre commission a rejeté cet amendement
pourtant tout à fait intéressant sur le fond, mais dont la rédaction n'est pas tout à
fait pertinente.
M. le Secrétaire
d'Etat - Cet amendement de nature fiscale, déposé ce matin, mériterait un
examen approfondi : mieux vaut le renvoyer aux lois de finances. Défavorable.
L'amendement 500, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - Je laisse M. Chaulet présenter
l'amendement 197 de notre commission, adopté à son initiative et identique à son
amendement 497.
M. Philippe
Chaulet - Il s'agit de prévoir un rapport sur le coût des transports.
Les amendements 197 et 497, acceptés
par le Gouvernement, mis aux voix, sont adoptés.
M. Daniel Marsin,
rapporteur pour avis - L'amendement 45 est retiré.
M. Ernest
Moutoussamy - L'amendement 109 tend à disposer que les produits de l'agriculture, de
l'élevage, de la pêche, de l'industrie agro-alimentaire provenant du surplus
communautaire et qui sont destinés à la consommation humaine dans les DOM, doivent
comporter une date limite de consommation. Pour éclairer notre assemblée, je prendrai un
exemple : les _ufs. Seuls les _ufs de catégorie A sont vendus au public en
métropole ; ces _ufs frais doivent être retirés de la vente au bout de vingt-huit
jours. La même réglementation existe dans les DOM, mais une autre catégorie d'_ufs, la
catégorie B, est autorisée à la vente, et n'a pas de date limite de vente.
Théoriquement, ces _ufs ne sont pas destinés à la consommation humaine, mais ils sont
consommés par la population. Ce n'est qu'un exemple, et je pourrais citer d'autres
produits provenant du surplus communautaire, qui servent à un dumping contre la
production locale. C'est pourquoi nous demandons avec insistance que ces produits
comportent une date limite.
M. le
Rapporteur - La commission est défavorable pour deux raisons. Tout d'abord nous
sommes dans le domaine réglementaire. Ensuite je ne comprends pas bien pourquoi il
faudrait prévoir des dates limites pour les DOM, et non pour l'ensemble du pays.
M. le Secrétaire
d'Etat - Ces dates limites doivent exister, au nom du principe de précaution, au
plan européen. Il n'y a donc pas lieu de les inscrire dans un texte de portée nationale,
puisqu'elles s'imposent en droit communautaire. Nous vérifierons que ces mesures sont
bien prises, et je transmettrai votre préoccupation au ministre des affaires
européennes.
M. Louis Mermaz -
Ce débat est instructif. Je crois qu'il serait bon de voter l'amendement de
M. Moutoussamy. Si en deuxième lecture M. le ministre nous donne tout
apaisement, et nous confirme que nous pouvons nous en remettre à l'Europe, je serai très
content ; en attendant, en vertu du principe de précaution, mieux vaut adopter
l'amendement.
M. Ernest
Moutoussamy - Je précise que le surplus communautaire n'est pas commercialisé en
métropole. Il s'agit de produits destinés au tiers monde, et qui arrivent comme par
hasard en outre-mer, sans dates limites de consommation.
L'amendement 109, mis aux voix, est
adopté.
M. Gérard
Grignon - L'agriculture n'est pas un secteur fondamental à Saint-Pierre-et-Miquelon,
mais nous avons engagé une politique de diversification, et il existe une activité
agricole et d'élevage. Or il n'y a pas de chambre d'agriculture. Je propose par
l'amendement 267 rectifié que la chambre de commerce et d'industrie s'occupe des
intérêts des agriculteurs.
L'amendement 267 rectifié, accepté
par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. Philippe
Chaulet - Je suis heureux que mon amendement 304 ait été repris par M. Tamaya,
puis par M. Lambert, et enfin, un peu différemment, par le Gouvernement. Il demande
que chaque année le Gouvernement transmette au Parlement un rapport sur les mesures
législatives, réglementaires et financières qu'il a prises et qu'il entend prendre en
vue de rapprocher les taux bancaires pratiqués dans les départements d'outre-mer, de
ceux pratiqués en métropole. Nous avons dans les DOM un gros différentiel avec la
métropole pour ce qui est des taux bancaires.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - Je précise que le nom du rapporteur figure sur un
amendement dès lors que celui-ci a été retenu par la commission : il n'y faut voir
aucune volonté de ma part de phagocyter les amendements, même quand ils sont
d'excellente facture !
Mme la Présidente -
L'amendement 498 est identique.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le Gouvernement reprend, dans l'amendement 469, le texte des
amendements 304, 198 et 498, en retranchant les mots « chaque année ».
M. le
Rapporteur - De fait, il paraît excessif d'exiger du Gouvernement un rapport
annuel. Cependant, l'amendement du Gouvernement manque de précision. Je propose de le
rectifier en insérant, après le mot « Parlement » les mots « dans un
délai d'un an à compter de la promulgation de la présente loi ».
M. le Secrétaire
d'Etat - Avis favorable.
M. Philippe
Chaulet - Je ne pourrais me satisfaire d'un seul rapport, fait une fois pour toutes,
alors que les taux bancaires pratiqués aux Antilles défavorisent de manière
désastreuse les entreprises locales.
M. le
Rapporteur - L'amendement 304 est retiré au bénéfice de l'amendement 469.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - L'amendement 198 également.
M. Philippe
Chaulet - L'amendement 498 est maintenu.
L'amendement 498, mis aux voix, est
adopté.
Mme la Présidente -
L'amendement 469 tombe.

ART.
8 (précédemment réservé)
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - L'amendement 199 est retiré.
M. Jean-Claude
Lefort - Le projet prévoit un dispositif de formation professionnelle qui fait
largement appel aux retraités et au érémistes. Il n'est pas question de mettre en cause
les capacités de ces personnes, mais, par l'amendement 360, d'éviter que ce
dispositif n'ait pour résultat de dispenser une formation au rabais, dans des conditions
qui ne seront favorables qu'aux entreprises. L'amendement adopté par la commission,
prévoit donc que ces personnes seront choisies parmi celles dont la qualification est
agréée au titre de la formation professionnelle. Ainsi garantira-t-on l'actualisation
des compétences et des savoirs, dont on conviendra que le dispositif prévu ne l'assure
pas.
M. le Secrétaire
d'Etat - Je ne suis pas certain que cet amendement et l'amendement 471 du
Gouvernement doivent faire l'objet d'une discussion commune, car ils n'ont pas exactement
le même objet. L'amendement 360 vise en effet à limiter le nombre des tuteurs à ceux
qui sont agréés au titre de la formation professionnelle. Cette proposition est par trop
restrictive, et elle aurait pour conséquence d'écarter du dispositif nombre d'artisans
des DOM.
En revanche, l'amendement
471 ouvre aux salariés les plus anciens et les mieux formés, qui bénéficient d'une
mesure de départ en préretraite, la possibilité d'assurer le parrainage en entreprise
d'un jeune en contrat d'apprentissage ou de qualification.
Au contraire du
précédent, il élargit donc le champ du tutorat.
Mme la Présidente -
La discussion commune s'imposait, puisque les deux textes sont exclusifs l'un de l'autre.
M. le
Rapporteur - Il fallait en effet choisir, et la commission a retenu l'amendement
471, et rejeté le 360.
M. Jean-Claude
Lefort - Le Gouvernement ayant repris à son compte une partie de notre amendement,
nous le retirons.
L'amendement 471, mis aux voix, est
adopté.
M. Ernest
Moutoussamy - L'amendement 110 prévoit que le tutorat peut aussi être exercé par
des salariés bénéficiant d'une retraite anticipée.
M. le
Rapporteur - La commission avait adopté l'amendement, qui est désormais
satisfait par l'amendement 471 du Gouvernement.
M. le Secrétaire
d'Etat - Même opinion.
M. Ernest
Moutoussamy - Je le retire.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - L'amendement 200 rectifié est rédactionnel.
L'amendement 200 rectifié, accepté
par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le Gouvernement souhaite, par l'amendement 470, compléter l'article par
le paragraphe suivant : « La limite d'âge fixée par l'article L.117-3 du code
du travail est portée à 30 ans pour l'apprentissage maritime dans les départements
d'outre-mer ».
L'enjeu est de toute
première importance pour la filière.
L'amendement 470, accepté par la
commission, mis aux voix, est adopté.
L'article 8 ainsi amendé, mis aux
voix, est adopté.

ART.
9 (précédemment réservé)
M. Elie Hoarau -
Les dispositions de l'article sont intéressante, et elles contribueront à résoudre le
grave problème de l'insertion professionnelle des jeunes dans les DOM. Les projets
« initiative-jeunes » complètent les dispositifs existants, au nombre
desquels les emplois-jeunes, qui connaissent à la Réunion un succès qui en dit long sur
l'ampleur du chômage qui frappe la jeunesse. A ce sujet, comment ne pas s'inquiéter de
ce qu'il adviendra à l'expiration de ces contrats ? En métropole, le taux de
chômage décroît régulièrement, au point que la perspective du plein emploi à moyen
terme commence à être évoquée. Ce n'est pas du tout le cas à la Réunion, puisque les
études les plus sérieuses estiment que le taux de chômage y sera ramené à 27 %
dans 30 ans !
Ne peut-on imaginer que
le projet intiative-jeunes permette aux bénéficiaires des emplois-jeunes de sortir du
dispositif dans de bonnes conditions ?
M. Philippe
Chaulet - Dans un souci de cohérence, les amendements 203 et 570 tendent à ce que le
projet initiative-jeunes s'inscrive dans les perspectives arrêtées par le schéma
d'aménagement régional ainsi que par le contrat de plan Etat-région.
M. le Secrétaire
d'Etat - Défavorable car il doit pouvoir se mettre en _uvre sans se soumettre à
des conditions de conformité avec tel ou tel schéma. Je m'étonne d'ailleurs de votre
proposition alors que vous ne manquez pas de reprocher à la gauche ses excès en matière
de bureaucratie ! Il n'est pas souhaitable d'accumuler les formalités
administratives en faisant référence à des documents dont les jeunes concernés
ignorent tout.
M. le Rapporteur -
Défavorable.
Les amendements 203 et 570, mis aux
voix, ne sont pas adoptés.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - L'amendement 204 est défendu.
M. Philippe
Chaulet - L'amendement 502 est défendu.
M. le
Rapporteur - Défavorable aux deux amendements.
M. le Secrétaire
d'Etat - Même position.
L'amendement 204, mis aux voix, n'est
pas adopté.
L'amendement 502, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. Claude Hoarau
- Je souhaite appeler l'attention de notre Assemblée sur un oubli : nous avons
discuté en commission d'un amendement visant à permettre aux jeunes de bénéficier
d'une bourse pour suivre une formation auprès de l'ANT ou d'un autre organisme agréé.
Je m'étonne que cet amendement, que la commission a retenu, ne vienne pas en discussion.
Mme la Présidente -
Il a été déclaré irrecevable par la commission des finances.
M. Claude Hoarau
- Cette explication ne me satisfait pas car si notre amendement n'est pas retenu, le
projet initiative-jeunes perd tout son sens puisqu'il contraint les jeunes de l'outre-mer
à aller se former en Europe.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - La commission des affaires culturelles l'avait accepté
mais il est effectivement tombé sous le coup de l'article 40.
M. Claude Hoarau
- C'est inacceptable !
M. Louis Mermaz -
En vertu de l'article 58 de notre Règlement, je demande une brève suspension de séance
pour éclaircir ce point.
M. le
Rapporteur - Cet amendement a été examiné en commission des affaires
culturelles. Pourtant, vous auriez dû, Monsieur Hoarau, faire part de votre étonnement
de ne pas le retrouver dans la liasse des amendements soumis à l'examen de la commission
des lois.
M. Claude Hoarau
- L'intervention de notre rapporteur me conduit à dénoncer la confusion qui a
présidé à l'examen des amendements en commission.
M. le Secrétaire
d'Etat - Je n'ai pas cet amendement sous les yeux mais je crois en comprendre
l'esprit. S'il s'agit de permettre aux jeunes réunionnais de se former auprès
d'organismes agréés ailleurs qu'en Europe, le Gouvernement est tout disposé à
réexaminer la question en fin de séance.
M. Louis Mermaz -
Dans ces conditions, je retire ma demande de suspension de séance. Je souhaitais avant
tout qu'un débat au fond s'engage : qu'importe le flacon dès lors qu'on a
l'ivresse !
L'article 9, modifié, mis aux voix,
est adopté.

APRÈS
L'ART. 9 (précédemment réservé)
M. le Secrétaire
d'Etat - L'amendement 473 vise à étendre le régime d'indemnisation des
catastrophes naturelles aux effets du vent des cyclones les plus importants. En effet, les
dommages causés se sont révélés difficilement assurables en pratique et ces
difficultés ont conduit à mettre en place des plafonds de garantie et des clauses
d'exclusion dans les polices d'assurance de dommages aux biens, à l'inverse de la
métropole où cette garantie a parfaitement fonctionné, y compris lors des plus fortes
tempêtes. La prise en charge des effets du vent des cyclones les plus importants par le
régime d'indemnisation des catastrophes naturelles est l'expression de la solidarité
nationale en faveur des populations des départements d'outre-mer.
M. le
Rapporteur - La commission est très favorable à cet amendement et félicite le
Gouvernement de cette évolution, très attendue outre-mer.
L'amendement 473, mis aux voix, est
adopté.
M. André Thien
Ah Koon - Dans les départements d'outre-mer, du fait de l'étroitesse du marché
local et de l'insularité, la grande distribution alimentaire est souvent aux mains de
monopoles.
La
protection de nos économies insulaires est plus que jamais indispensable, et l'un des
objectifs de la loi sur la régulation économique devra être de lutter contre la
constitution de monopoles et les abus de position dominante, tant au niveau national
qu'outre-mer. La loi Royer de 1973, l'ordonnance du 1er décembre 1986
et les dispositions modifiant la loi Royer qui ont été adoptées en 1992 ne
suffisent pas à freiner la concentration dans le secteur de la distribution. Or le
maintien d'une saine concurrence et la préservation d'un équilibre commercial ne sont
pas les seuls enjeux : il s'agit aussi d'un problème d'ordre public. En effet, si le
groupe qui maîtrise 50 % de la distribution alimentaire ne pouvait plus assurer
l'approvisionnement de la population, nous irions vers une situation insurrectionnelle.
Je demande donc à mes
collègues d'adopter mon amendement 71, qui fait référence au chiffre d'affaires,
plus facile à contrôler que la surface des commerces.
Mme la Présidente -
Permettez-moi de vous suggérer deux petites retouches de forme. A la huitième ligne, il
me paraîtrait souhaitable d'écrire « ou toute opération de concentration »,
et à l'avant-dernière ligne du même paragraphe « ou par tout autre moyen de
communication ».
M. André Thien
Ah Koon - Je suis d'accord.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le Gouvernement est favorable à cet amendement, qui éclaircit la
rédaction actuelle de l'article 28-1 de la loi Royer. Son
sous-amendement 569 ne fait que modifier l'intitulé du chapitre 3 afin de tenir
compte de l'introduction de dispositions relatives aux catastrophes naturelles ; il
tend à le rédiger ainsi : « Dispositions pour l'amélioration de l'activité
économique dans les départements d'outre-mer ».
M. le
Rapporteur - La commission a adopté l'amendement de
M. Thien Ah Koon, dont je salue la persévérance sur ce sujet.
Elle n'a pas examiné le
sous-amendement du Gouvernement ; à titre personnel, j'y suis favorable.
Le sous-amendement 569, mis aux voix,
est adopté.
L'amendement 71 ainsi sous-amendé, mis
aux voix, est adopté.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - Je retire l'amendement 196, le Gouvernement en ayant
déposé un sur le même sujet.
M. le Secrétaire
d'Etat - L'amendement 557 du Gouvernement répond à la demande exprimée par
M. Tamaya et Mme Bello ainsi que par de nombreux parlementaires d'outre-mer. Il
tend à instituer un dispositif de départ en préretraite à 55 ans, permettant
d'embaucher des jeunes. La participation de l'Etat est limitée à 60 % du coût
total ; la mise en oeuvre est donc conditionnée par des cofinancements des
collectivités territoriales et des entreprises. De plus, le dispositif ne pourra
s'appliquer qu'aux entreprises qui seront passées aux 35 heures -qui constituent un
autre moyen de favoriser la création d'emplois. L'allocation versée aux salariés
dépendra du nombre d'années de cotisations avec un minimum de 4 500 F par
mois.
Ce dispositif
devrait permettre, notamment à la Réunion, d'assurer la solidarité entre les
générations qui est nécessaire à l'insertion professionnelle des jeunes. Les
dispositifs nationaux de préretraite, financés par l'UNEDIC, sont inadaptés aux DOM,
leur accès étant conditionné par un nombre d'annuités de cotisations qui y est très
rarement atteint ; j'avais sollicité les présidents successifs de l'UNEDIC mais, faute pour celui-ci d'avoir pu prendre les dispositions
nécessaires, le Gouvernement prend aujourd'hui l'initiative.
M. Emile Blessig
- Puisque le Gouvernement présente cet amendement, je retire mon amendement 452.
M. Claude Hoarau
- La préretraite était l'une des propositions du rapport Fragonard. Nous étions
déçus qu'elle ne figure pas dans le projet initial et nous nous félicitons que le
Gouvernement présente aujourd'hui cet amendement. Nous souhaitions que le système
s'applique à 52 ans, mais nous sommes quand même preneurs à 55 !
Une autre proposition du
rapport Fragonard, le départ en retraite des érémistes de 52 ans, n'a pas été
reprise ; nous le regrettons, mais peut-être aurons-nous satisfaction d'ici à
l'adoption définitive de ce projet.
M. le
Rapporteur - Hier, dans la discussion générale, quelques orateurs -qui ne sont
d'ailleurs pas parmi nous aujourd'hui- avaient dénoncé le manque d'ambition de ce
projet. Voici à nouveau la preuve qu'il n'en est rien. Je salue cet amendement novateur,
que nous n'avons pas examiné en commission mais que j'approuve totalement.
M. André Thien
Ah Koon - Je félicite le Gouvernement pour cet amendement qui était attendu depuis
longtemps et qui permettra à la Réunion de créer 10 000 emplois.
M. Ernest
Moutoussamy - Je salue cette excellente mesure mais je souhaite que les collectivités
locales soient aussi généreuses que le Gouvernement : il faut qu'elles jouent le
jeu, puisque l'Etat ne financera que 60 %...
L'amendement 557 mis aux voix, est
adopté.
M. Camille
Darsières - L'amendement 311, que j'avais précédemment déposé à
l'article premier, vise à ce que le Gouvernement, sur la base des travaux réalisés
par le groupe de travail qu'il a mis en place en concertation avec les acteurs
économiques des départements d'outre-mer, publie, avant l'ouverture du débat sur la loi
de finances de l'année suivant celle de la présente loi, un rapport détaillé sur
l'évolution du dispositif d'incitation à l'investissement visant à compléter,
améliorer et prolonger le dispositif existant.
Cela montrerait qu'à
côté de ce texte favorable à l'emploi, il y en aura bien un autre, qui incitera à
l'investissement.
J'ajoute que j'ai
modifié la rédaction de l'amendement, comme m'y avait invité le président de la
commission des lois.
M. le
Rapporteur - Je ne puis donc qu'être favorable à cette rédaction.
M. le Secrétaire
d'Etat - Un tel rapport est déjà mis à la disposition des parlementaires par
le Gouvernement avant l'examen de la loi de finances. Bien évidemment, le prochain
rapport fera état des réflexions sur l'évolution du dispositif d'incitation à
l'investissement.
Je souhaite donc le
retrait de l'amendement.
M. Camille
Darsières - Par quel masochisme le Gouvernement refuse-t-il de dire ce qu'il
fait ? Cette loi d'orientation comporte une lacune et seuls quelques initiés savent
que le groupe de travail cherche à la combler. Pourquoi ne pas le dire ici ?
M. le
Rapporteur - Le ministre a montré que cet amendement était superfétatoire. Il
n'est donc pas utile de le voter.
L'amendement 311, mis aux voix, est
adopté.

ART.
10 (précédemment réservé)
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - Les amendements 205 et 206 sont rédactionnels.
M. le
Rapporteur - La commission des lois a suivi celle des affaires culturelles.
M. le Secrétaire
d'Etat - Défavorable.
L'amendement 205, mis aux voix, est
adopté de même que l'amendement 206.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - Dans un souci de cohérence, l'amendement 207
rectifié retient ici, comme à l'article 2, la référence à
l'article L.752-3-1 du code de la sécurité sociale.
M. Claude Hoarau
- L'amendement 408 corrigé est défendu.
M. le
Rapporteur - Comme précédemment, la commission des lois a suivi la commission
des affaires culturelles sur l'amendement 207 rectifié. Elle n'a pas examiné le 408
corrigé.
M. le Secrétaire
d'Etat - Ces amendements partent d'une bonne intention, mais ils auraient pour
effet d'exclure les agriculteurs du dispositif.
L'amendement 207 rectifié, mis aux
voix, n'est pas adopté, non plus que l'amendement 408 corrigé.
M. Emile Blessig
- L'amendement 453 étend le dispositif aux personnes employées par les associations.
M. le
Rapporteur - Le ministre l'a dit à plusieurs reprises : bien évidemment
les personnes employées par les associations entrent dans le champ d'application du
dispositif.
M. le Secrétaire
d'Etat - Je souhaite le retrait de cet amendement car l'article 131-2 du
code du travail fait déjà expressément référence aux associations.
M. Emile Blessig
- Au bénéfice de cette explication, je retire l'amendement 453.
L'amendement 454 apporte
une précision rédactionnelle importante en substituant aux 100 jours de travail,
consécutifs ou non, dans la même entreprise, la même durée mais chez le même
employeur. Cela semble en effet plus précis et de nature à éviter la précarisation.
M. le
Rapporteur - Cet amendement part d'un bon sentiment, mais la commission l'a
repoussé.
M. le Secrétaire
d'Etat - Le mot « entreprise » vise précisément à éviter la
précarité car nous ne souhaitons pas que soient concernés, par exemple, les érémistes
qui travaillent quelques heures chez un particulier.
L'amendement 454, mis aux voix, n'est
pas adopté.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - Afin de lutter contre le travail dissimulé, les
amendements 314 et 315 imposent une déclaration préalable d'embauche.
M. le
Rapporteur - Favorable.
M. le Secrétaire
d'Etat - Favorable.
L'amendement 314, mis aux voix, est
adopté, de même que l'amendement 315.
M. Michel
Tamaya, rapporteur pour avis - L'amendement 316 propose de tenir compte des
caisses de congés payés qui existent dans certaines professions, et notamment le BTP.
L'amendement 316, accepté par la
commission et par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. Michel Tamaya,
rapporteur pour avis - L'amendement 208 inclut dans les effectifs des
entreprises les personnels employés dans le cadre d'un titre de travail simplifié.
L'amendement 208, accepté par la
commission et par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
L'article 10 amendé, mis aux voix, est
adopté.

APRÈS
L'ART. 10 (précédemment réservé)
M. Emile Blessig
- Mon amendement 455 prévoit que « Avant le 1er janvier 2003,
un rapport sera rendu au Parlement sur les effets d'un alignement du revenu minimum
d'insertion dans les départements d'outre-mer avec le revenu minimum d'insertion des
départements métropolitains, ainsi que sur les effets des politiques d'insertion et de
retour à l'emploi ».
D'une part, selon le
rapport Fragonard, « un alignement sans que le RMI ait été au préalable
maîtrisé et recentré sur des politiques d'insertion plus effectives serait une erreur
économique et sociale ». D'autre part, les différents rapports dont nous disposons
ne nous donnent pas les mêmes chiffres d'allocataires et de coût global. Avant de
prendre position, il serait utile d'avoir des informations précises.
M. le
Rapporteur - La commission n'a pas examiné cet amendement. Mais elle a adopté
un amendement à l'article 42 qui prévoit une commission d'évaluation sur les
politiques d'insertion et de retour à l'emploi. Mieux vaut s'en tenir là.
Mme la Présidente -
Avec l'accord de M. Blessig, nous remplacerons « rendu » par
« remis » pour corriger l'amendement.
M. le Secrétaire
d'Etat - La commission d'évaluation des comptes économiques et sociaux des DOM
qui sera instituée à l'article 42 suivra l'application de la loi d'orientation.
M. Blessig nous demande un rapport avant que l'alignement ne soit réalisé.
M. Emile Blessig
- Le RMI est devenu le principal instrument de la politique de solidarité dans les
DOM. Nous avons besoin d'informations précises sur ce sujet important. J'insiste pour
qu'un tel rapport nous soit remis.
L'amendement 455 corrigé, mis aux
voix, n'est pas adopté.

ART.
11 (précédemment réservé)
Mme Huguette Bello -
L'alignement immédiat du RMI est devenu le symbole de l'application du principe
républicain de l'égalité. En effet, ce fut la première mesure sociale appliquée, sans
restriction et sans délai dans les DOM. Le RMI a été la mesure-phare du processus
d'égalité sociale que le président Mitterrand a lancé en 1988.
A ce moment-là, le SMIC
ultra-marin est, lui aussi, inférieur au SMIC métropolitain. Aussi, pour ne pas créer
d'effet dissuasif à l'égard du travail, les bénéficiaires du RMI recevront 80 %
du montant versé en métropole tandis que les 20 % restants seront globalisés et
financeront les actions d'insertion et le logement social.
En 1996, l'égalité du
SMIC est réalisée. Aucun obstacle ne s'oppose plus au retour au droit commun. Or, non
seulement ce retour n'a pas eu lieu, mais l'écart entre le RMI ultra-marin et le RMI
métropolitain s'est creusé.
Pour justifier ce
recul, on invoque souvent le nombre trop élevé de bénéficiaires dans les départements d'outre-mer. Mais on ne peut que le
rapporter à la situation économique de ces départements où le nombre d'emplois
créés, quoique élevé, demeure largement insuffisant surtout face à la demande des
jeunes.
Rappelons avec quelque
solennité l'article 1er de la loi instituant le RMI, qui dispose précisément
que « toute personne qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de
la situation de l'économie et de l'emploi, se trouve dans l'incapacité de travailler, a
le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence ».
Contrairement à ce qui
se dit, le RMI n'est pas attribué dans les DOM « selon des modalités adaptées au
contexte économique et social de ces départements ». Il serait vraiment étrange
qu'il en fût ainsi quand, simultanément, une prime dite de vie chère est versée dans
la fonction publique d'outre-mer.
Les modalités actuelles
d'attribution du RMI n'ont plus lieu d'être.
D'abord faire subir ce
prélèvement aux plus démunis, constitue une injustice diamétralement opposée à
l'esprit de la loi.
Ensuite, ce sont les
érémistes qui financent ainsi des logements sociaux auxquels ils n'ont pas accès.
Curieuse justice sociale : les plus pauvres paient pour les moins pauvres.
Le principe républicain
d'égalité ne doit pas être plus longtemps bafoué.
On a opposé l'article 40
à notre amendement en faveur de l'alignement du RMI ultra-marin sur le RMI
métropolitain, adopté à l'unanimité par la commission des lois. C'est irrecevable. Il
ne crée aucune charge publique supplémentaire en faisant verser directement aux
bénéficiaires du RMI les 20 % restant de leur allocation, qui sont déjà
budgétisés.
Nous ne pourrons donc
soutenir aucune proposition qui reporte à nouveau l'alignement du RMI ultra-marin sur le
RMI métropolitain (Applaudissements sur les bancs du groupe RCV et du groupe
communiste).
M. Ernest
Moutoussamy - Notre amendement 81 rédige ainsi l'article : « L'allocataire
du RMI âgé de moins de 40 ans qui accepte de fournir mensuellement 20 heures de travail
d'intérêt public ou d'utilité sociale à une collectivité publique, à une association
déclarée d'utilité publique, à une association type loi 1901, bénéficie de
l'alignement immédiat du RMI ».
M. le
Rapporteur - La commission l'a repoussé.
M. le Secrétaire
d'Etat - Il serait dommageable de créer ainsi deux catégories d'allocataires.
Nous allons proposer un alignement en trois ans et non plus cinq ans. C'est un pas
important vers l'égalité, avec compensation totale sur le plan financier puisque le
Gouvernement maintiendra l'effort pour le logement social. Je souhaite donc le retrait de
l'amendement 81. La disposition proposée existe dans le cadre de l'allocation de retour
à l'activité.
M. André
Thien Ah Koon - Dans une île où la vie coûte 25 à 35 % plus cher que sur le
continent, une personne peut-elle vivre avec 1 500 francs par mois ? Voilà la
question. Un Français qui a dans sa poche un passeport où est inscrit
« République française » a-t-il le droit de vivre comme un Français de
métropole ? On reconnaît d'un côté qu'il y a un problème de coût de la vie,
puisqu'on en tient compte dans les rémunérations de la fonction publique ; peut-on,
de l'autre, traiter différemment les pauvres ? La loi doit s'appliquer à la
Réunion de la même façon qu'en métropole. On ne voit plus, dit-on souvent, les tristes
spectacles du passé, et le RMI a fait reculer la misère. Mais il y a encore des misères
cachées : pour la fierté de la France, il faut les éradiquer. Il y a des gens qui
ne peuvent pas payer le gaz, le téléphone, et qui vivent dans l'incertitude du
lendemain. On nous dit qu'il faut attendre
encore cinq ans l'alignement : je dis non ! Dans ces familles pauvres, il y a
des enfants brillants, qui ont reçu l'éducation française, qui ont le bac C, mais
qui vont étudier le ventre vide... Et c'est sur ces gens qu'on fait des économies !
Je demande à M. le ministre un prélèvement de 10 % sur les jeux de hasard
pour que les érémistes vivent dans de meilleures conditions : c'est un problème de
dignité.
M. Louis
Mermaz - Il ne s'agit pas ici d'un problème d'article 40, car le Gouvernement a
accepté de bouger : il ne prévoit plus l'alignement sur cinq ans, mais sur trois
ans, et c'est une bonne action dont il faut prendre acte. Toutefois, je ne comprends pas pourquoi on ne procéderait pas à
un alignement immédiat. On objectera le coût. Mais les maux sociaux qui résultent de la
pauvreté ont un coût formidable. Si l'on tient compte des conséquences économiques et
financières de la montée de la précarité, l'Etat et la République sont globalement
perdants. M. le Secrétaire d'Etat, qui a fait beaucoup pour améliorer le texte
et qui a dialogué avec nous, ne nous a pas vraiment expliqué pourquoi il fallait
attendre encore trois ans. Il y a des moments où la générosité -je l'entends au sens
cornélien- et l'avancée politique sont quelque chose de fort. Il serait bien que le
Gouvernement bouge. Peut-être une suspension serait-elle opportune pour nous permettre
d'en discuter avec lui.
M. Ernest
Moutoussamy - Je maintiens mon amendement, en donnant une précision à l'Assemblée.
Il est vrai que beaucoup de nos compatriotes relèvent objectivement du RMI, mais on ne
peut nier les dérives et les perversions que celui-ci engendre parfois. Dans l'opinion
publique guadeloupéenne, beaucoup souhaitent que les gens qui sont en mesure de
travailler puissent fournir une contrepartie au RMI. D'où mon amendement, qui diffère de
ceux de nos collègues qui tendent à un alignement pur et simple.
M. le Secrétaire
d'Etat - Je demande une suspension, comme le souhaite le président Mermaz.
Ou plutôt, compte tenu de l'heure, vaut-il mieux reprendre le débat à 21 heures.
La suite du débat est renvoyée à la
prochaine séance, qui aura lieu ce soir à 21 heures.
La séance est levée à 19 heures 20.
Le Directeur du service
des comptes rendus analytiques,
Jacques BOUFFIER
© Assemblée nationale
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